DMPSeries #2 – Exemples de Use Cases DMP chez les annonceurs

Second billet d’une série consacrée aux plateformes DMP.

Dans le contexte actuel de prolifération des ad-blockers, il appartient aux marketers d’adopter des tactiques adaptées et de prendre en compte ce message fort envoyé par les internautes.

Du fait de leurs capacités de tracking comportemental, de croisement de multiples sources de données, d’activation en temps-réel et en multi-canal, les DMP peuvent être perçues comme des machines infernales permettant aux annonceurs de poursuivre et de harceler sans répit de pauvres internautes, et sans espoir de s’échapper.

A contrario, les DMP sont surtout à mon sens une excellente réponse technologique à la lassitude des internautes vis à vis des bannières et des contenus publicitaires omniprésents.

En effet, utilisées à bon escient, les DMP permettent d’adresser des messages et offres publicitaires à des audiences pour lesquelles ces messages ont un vrai intérêt, de les adresser de façon cohérente, au bon moment, tout en gérant la pression marketing (frequency capping) et en pouvant stopper le ciblage une fois l’objectif atteint (exclusion).

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DMPSeries #1 – Qu’est-ce qu’une DMP, exactement ?

Premier billet d’une série consacrée aux plateformes DMP.

La définition de Forrester Research

Le cabinet Forrester Research définit les DMP de la façon suivante :

Forrester Research defines a DMP as “a unified technology platform that intakes disparate first-, second-, and third-party data sets, provides normalization and segmentation on that data, and allows a user to push the resulting segmentation into live interactive channel environments.”

C’est clair et concis : une Data Management Platform est une plateforme technologique capable d’ingérer des données 1st, 2nd et 3rd Party, d’offrir des capacités de normalisation (ou déduplication) et de segmentation sur la base de ces données, et de permettre à ses utilisateurs d’envoyer les segments d’audiences qui en résultent vers des canaux d’activation.

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(Archive) Pourquoi le rachat de NEST par Google ne signe pas l’entrée de Google dans l’IoT

Cet article avait été initialement publié le 29 Janvier 2014 sur le blog Diginomos, a présent disparu. Ce billet est une archive. 

English version also available here.

Abstract

Contrairement à tout ce qu’on a pu lire ou entendre, le rachat de NEST par Google pour $3.2 milliards n’est pas un pari sur l’internet des objets, c’est une transaction clairement ancrée dans l’économie réelle. Décryptage.

Foreword

Annoncé le 14 janvier dernier, soit quelques jours après la clôture du salon CES de Las Vegas, le rachat de la startup Californienne NEST par Google a depuis fait couler beaucoup d’encre numérique.

NEST CEO Tony Fadell

La presse – dont c’est le métier – n’a pas tardé à relayer l’information et à la commenter. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que Google fait une acquisition à plus de $3.2 milliards en cash !

Simultanément, les journalistes et autres analystes se sont alors essayé à l’exercice de décrypter, d’expliquer  et de rationaliser ce rachat, avec plus ou moins de succès.

Pour ma part, n’étant pas convaincu par les premières explications trop faciles et trop évidentes (sans parler de celles carrément simplistes) je me suis laissé le délai de la réflexion, et à ce jour je pense apercevoir le début d’une réponse plausible. Je vous explique tout ça dans la suite.

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Série de billets “DMP Series” à venir sur ce blog

Introducing the “DMP Series”

Ça faisait plusieurs mois que l’idée me trottait en tête : rédiger et publier une série de billets de blog à propos des DMP. Sujet chaud du moment, les Data Management Platforms apparaissent comme un buzzword pour certains, ou un outil incontournable dans la panoplie du marketer digital, pour d’autres.

J’ai finalement pris le temps de rédiger une série de billets que je vais publier au rythme d’un billet par semaine (comme quoi les vacances ça a aussi du bon !). Ces billets traiteront des différents aspects des DMP, et pas uniquement dans une approche technique. Au contraire, ces billets seront finalement assez peu techniques.

Voici en vrac une liste des sujets que je propose d’aborder dans les prochains billets :

  • ° Qu’est-ce qu’une DMP, exactement ?
  • ° Qui utilise des DMP ? Dans quel objectif ?
  • ° Ce qui fait qu’une DMP est une DMP
  • ° Ce qu’une DMP n’est pas
  • ° Une DMP, pour quoi faire au juste ?
  • ° Fonctionnalités avancées d’une DMP
  • ° Uses Cases classiques d’une DMP pour un annonceur
  • ° 1st Party Data vs. 3rd Party Data : vaste débat
  • ° Facteurs de succès d’un projet DMP
  • ° DO’s and DONT’s
  • ° etc.

Ces billets ont un but d’initiation / vulgarisation des principaux concepts liés aux DMP. Si vous êtes familiers avec le sujet, vous n’y apprendrez certainement rien de nouveau. Ce n’est pas mon but :)

Disclaimer : Je suis ingénieur avant-vente spécialisé sur la DMP chez Adobe. Néanmoins, je m’attacherai à présenter le sujet DMP de façon neutre, en restant au niveau des généralités. Je ferai cependant une exception dans le billet qui sera consacré aux fonctionnalités avancées de la DMP : connaissant principalement la plateforme Audience Manager de Adobe, je baserai mes explications et illustrations sur Audience Manager, car je suis finalement assez peu légitime pour parler ici des plateformes DMP concurrentes.

Les DMP dans le contexte du Programmatique et du RTB

Pour comprendre l’utilité et les principes d’une plateforme DMP, il faut faire un rapide rappel sur l’environnement technique dans lequel ces plateformes viennent s’intégrer. Les DMP sont un des maillons dans la chaine de l’achat publicitaire en ligne par voie programmatique, et plus particulièrement dans le domaine du RTB (pour “Real Time Bidding”), cette partie du programmatique qui fonctionne en « temps-réel », soit dans une fraction de seconde pendant le chargement d’une page dans votre navigateur Web.

Depuis plusieurs années, les acteurs du domaine du Display Advertising – soit tout ce qui touche au domaine de la création, diffusion, vente / achat, mesure et optimisation des bannières publicitaires – ont pris pour habitude de se référer au désormais célèbre Lumascape pour présenter à la fois la richesse et aussi la complexité de cette industrie, ce dont on ne doute pas un instant en jetant un coup d’œil à cet enchevêtrement de logos et d’acronymes étranges dans tous les sens :

Malgré la multitude des acteurs et des logos, on n’oubliera pas que Google tire aujourd’hui encore 95% de ses revenus du business de la publicité en ligne, et contrôle à lui seul sans doute près de 70% du marché du online advertising.

Comment lire le Lumascape ?

Lisons le Lumascape de gauche à droite : d’un côté on trouve les “advertisers”, ou les annonceurs. Il s’agit des entreprises et marques ayant besoin de communiquer afin de faire la promotion de leurs produits, services ou offres via de la publicité en ligne.

En face, on trouve les “publishers”, ou éditeurs. Il s’agit des medias en ligne qui créent et publient des contenus, ce qui a pour effet de générer du trafic (= des pages vues) sur leurs sites. Depuis le début des années 2000, la majorité des medias en ligne a mis en place différentes sources de monétisation de ce trafic, le plus souvent par la vente d’espaces publicitaires sur leurs pages. Pour les éditeurs, plus de trafic sur leurs sites se traduit par plus de pages vues, donc plus d’emplacements publicitaires (on parle alors d’ “inventaires publicitaires”) potentiellement vendus, donc plus de revenus. En théorie, du moins, comme on le verra dans un billet prochain au sujet des Publishers.

Entre les deux, on trouve une myriade d’acteurs dont l’objectif est principalement de mettre en relation les vendeurs (éditeurs) avec les acheteurs (annonceurs), mais aussi d’optimiser et de mesurer l’efficacité des campagnes publicitaires en ligne.

Welcome to Data Driven Marketing

Quasiment à mi-chemin entre Annonceurs et Editeurs, on trouve sur le Lumascape la catégorie des DMP : Data Management Platforms. L’objectif des DMP est de permettre d’utiliser à peu près tout type de donnée anonyme sur les internautes afin de pouvoir segmenter les audiences, et de pouvoir activer ces audiences via un ciblage précis basé potentiellement à la fois sur des données socio-démo, des données de comportement, de consommation, et d’intentions d’achat.

Ce que le Lumascape ne parvient pas à retranscrire sous sa forme figée, c’est que les différents échanges entre tous ces acteurs de la chaine du Programmatique s’effectuent en « temps-réel » dans une fraction de seconde pendant le temps de chargement de la page dans le navigateur d’un internaute. Ainsi, contrairement à ce qu’on connaissait dans les années 2000, désormais quand deux personnes visitent un site web, il y a peu de chances pour que ces deux personnes y voient les mêmes bannières publicitaires. Désormais, les bannières qui me sont présentées ont été déterminées spécifiquement pour moi, en fonction de qui je suis (socio-démo), de ma relation avec la marque (client ou prospect), de mon historique de consommation, ou de mes intentions d’achat, et puisque mon profil peut être vu sous différents angles, il peut intéresser plusieurs annonceurs différents, qui placeront chacun des enchères afin de gagner l’impression pour leur campagne.

L’IAB (= Internet Advertising Bureau) a réalisé et publié une courte vidéo d’environ 6 minutes qui explique le processus complet, allant de l’affichage de la page dans le navigateur web de l’internaute, jusqu’à l’affichage de la bannière publicitaire. Cette vidéo ne parle par de DMP, mais les échanges qui y sont décrits donnent déjà une idée de la complexité et de la rapidité des interactions entre tous les différents acteurs.

Si vous voulez aller plus loin dans la compréhension du sujet, je vous conseille deux vidéos réalisées par Pete Kluge, Group Product Marketing Manager chez Adobe : Display Advertising Basics – Part I (environ 20 minutes, en Anglais) et Display Advertising Basics – Part II (environ 12 minutes, en Anglais).

A suivre

Dans le prochain billet, on donnera une définition plus précise de ce qu’est une DMP, des objectifs visés par les annonceurs et les éditeurs qui utilisent une DMP, ce qui fait qu’une DMP est une DMP, et enfin ce qu’une DMP n’est pas.

Les commentaires vous sont ouverts, bonne lecture !

Quelques réflexions personnelles sur la journée Marketing Remix par Viuz

Marketing Remix by Viuz

J’ai eu la chance de participer à la journée Marketing Remix par Viuz hier, dont voici un très bon compte-rendu sur le site de Viuz ainsi que cet autre rédigé par Darwin Agency.

Comme vous pouvez vous en rendre compte à la lecture du compte-rendu précédent, c’était une journée très riche en intervenants et interventions, car les deux organisateurs (au passage, un grand bravo à Patrick Kervern et Andrès Menajovsky pour cette belle réussite) avaient privilégié des formats courts : 10 minutes pour les interventions, 20 minutes pour les tables rondes.

Je vous livre ici non pas un compte-rendu de la journée, mais quelques unes de mes réflexions, un peu pèle-mèle.

Hyperciblage et Adblockers

On démarre la journée avec un speech d’intro par Jean-Luc Chétrit, président de Carat France et de l’Udecam. Dans son speech – que j’ai bien aimé par ailleurs – il nous partageait une réflexion selon laquelle les adblocks seraient une réaction des internautes à l’hyperciblage de la publicité online.

J’aurais quand même tendance à penser que c’est au contraire la faute à ceux qui gèrent la pub online à l’ancienne, à coups de GRP et aussi au retargeting sans pitié, celui qui lance à votre poursuite des bannières pour ce robot mixer qui vont vous poursuivre partout pendant les deux prochaines semaines.

Pour moi, l’hyperciblage c’est justement le contraire, car ça permet de passer des messages opportuns voire utiles, et en contexte, et de gérer la pression marketing en cross-device. Je suppose que ça tient à l’idée qu’on met derrière hyperciblage : surpression et répétition pour les uns, vs. segmentation hyper fine pour les autres.

Le Programmatique était visiblement le thème en filigrane de cette journée, il fut donc aussi question de RTB et dans une moindre mesure de DMP. On a d’ailleurs eu plusieurs définitions du Programmatique, intéressant de comparer les points de vue des différents intervenants, en fonction d’où se situe l’activité de leur société sur la map Lumascape des acteurs du Display.

Constat partagé : la maturité sur les sujets DMP est assez inégale, mais globalement la maturité sur le sujet des DMP chez les annonceurs est encore relativement faible, en particulier par comparaison avec la maturité chez les éditeurs (publishers). D’ailleurs, j’avoue volontiers que j’ai parfois décroché sur des sujets avancés en fin de journée. Je comprends ce que sont le Forecasting et le Yield Management pour un publisher, mais en fin de journée, c’était un peu violent :)

Programmatique et Branding

Quote : “Le programmatique bien qu’ancré dans une logique de performance peut très bien s’adapter à des objectifs de branding.”

Donc continuons à dépenser pour campagnes de branding, et ne focalisons pas trop sur des campagnes à la perf. C’est une agence média qui nous le dit ;)

First things first

On aura toutes et tous remarqué l’intervention de Jérôme Sutter de Weekendesk, une intervention bien dans l’esprit startup et sans langue de bois : tour à tour, ce sont Facebook, Google et les agences qui en ont pris pour leur grade. En même temps, c’est un des seuls intervenants qui aura appliqué la règle “No bullsh_t” imposée par les deux organisateurs :)

En tous cas, son intervention était pleine de bon sens et de pragmatisme, en particulier le passage où il invitait l’audience à commencer par le commencement : “Commencez par distinguer les prospects et les clients (…)”. J’applaudis. On est loin des Use Cases hyper alambiqués que l’on reçoit parfois (souvent ?) dans les appels d’offres DMP, et qui sont tellement dans l’hyperciblage qu’ils n’auront vraisemblablement aucun impact sur les résultats business.

Pour rester sur le sujet des use cases DMP, il en est un qui a été mentionné au moins à trois reprises, et visiblement c’est le use case chouchou des utilisateurs DMP en ce moment : il s’agit d’appliquer des modélisations “look alike” sur la base de segments de clients à fort potentiel, afin d’opérer ensuite des campagnes d’acquisition. Effectivement, réaliser ceci avec une DMP telle que Adobe Audience Manager, c’est l’enfance de l’art. [Disclaimer : je travaille pour Adobe]

Donnée 1st Party, la mal aimée

Quote : “La 1st party data ne m’aide pas à travailler ma stratégie média”

Je finirais sur une réflexion d’un intervenant pour qui la donnée 1st party n’apporte pas de valeur pour la mise en place des campagnes média.

Les données 1st Party, ça recouvre tout de même une multitude de d’informations diverses : online (web et mobile) ; offline (CRM, tickets de caisse, programmes de fidé) ; prospect vs client ; durée et fréquence d’utilisation des apps mobiles, plus la géoloc ; visites online, par catégories, et en récence et fréquence ; etc.

On a déjà là de la matière ici pour réaliser des segmentations permettant de mettre en oeuvre des tactiques intéressantes : du reciblage d’abandonnistes, au ré-engagement de clients inactifs ou à l’upsell, en passant par des exclusions clients/prospects voire des exclusions en fonction d’activités récentes (inutile par exemple de dépenser du média pour adresser un message de branding à quelqu’un qui a visité votre site web dans les X derniers jours). Il y a déjà de quoi faire avec les données 1st party ! Surtout qu’elles sont gratuites (contrairement à la 3rd) et que ces données sont les vôtres, et qu’a priori vos concurrents n’y ont pas accès.

Au contraire, j’ai pour habitude d’insister sur l’importance et la valeur des données 1st – et dans une moindre mesure 2nd party – par rapport aux données 3rd party, dont on n’a pas de garanties sur la qualité (fraicheur, précision, modes de collecte ?) ; pour lesquelles il y a un coût associé, et surtout ce sont des données auxquelles vos concurrents directs ont également accès.

Au final, ce fût une journée riche, très riche en contenus, témoignages et intervenants – j’aime les formats d’interventions courts imposés par les organisateurs – et le sentiment d’être dans une industrie – les Ad-tech – qui évolue en permanence et très très rapidement. Que demander de plus ? :)

Voilà. C’est tout. Je vous avais prévenus que c’était quelques réflexions un peu en vrac…

Merci Viuz, merci Andrès et Patrick, et rendez-vous à la prochaine édition, ou bien à la Nuit des Rois !

SlideShare : Les bénéfices d’une DMP intégrée à vos outils et plateformes — Programmatique Expo, Juin 2015

Mieux vaut tard que jamais. Je vous partage le support d’une de mes deux interventions lors de l’évènement Programmatique Expo 2015 à Paris, le 9 Juin dernier. Vous aurez deviné qu’il y est question de DMP et de Adobe Audience Manager.

Si le sujet DMP vous intéresse, vous voudrez sans doute consulter les billet de la série DMP.

Partagez, commentez, téléchargez, likez ! :)

What can the Adobe Marketing Cloud do for you?

What can the Adobe Marketing Cloud do for you?

I’m not sure. I don’t know enough of the specifics of your market, your business, your priorities, goals, and strategy to answer the question.

But what I can do, is share with you a video of one of our clients – Conde Nast – who explains what the Adobe Marketing Cloud allowed them to do, what what they have created in terms of audience segmentation using our DMP platform. You can also read more about this on AdExchanger.

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Community Management, Marketing temps-réel et Politique

J’aurais aussi bien pu titrer ce billet “Quand les CM dérapent” mais je me suis retenu car c’était trop Clickbait et le propos n’est pas d’attaquer les Community Managers mais de mettre en garde celles et ceux qui les emploient, et qui font parfois preuve d’un excès de confiance, voire de légèreté.

Mais de quoi parle-t-on au juste ?

Hier, au lendemain d’une actualité politique qui fera certainement date, on a vu apparaître sur le compte Français twitter du voyagiste LastMinute.fr le tweet suivant :

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Alors autant le dire tout de suite, non seulement je ne suis pas fan de ce genre d’humour quand il s’agit d’une marque, mais dans ce cas précis je considère que ça relève carrément de la faute professionnelle.

Vous allez me dire que c’est une tentative ratée de faire de l’humour. Ce à quoi je répondrais en considérant qu’il y a plusieurs niveaux dans l’humour, il y a l’humour que l’on peut s’autoriser en petit comité avec des gens qui se connaissent et dont on sait qu’il n’y aura pas de risque à être mal interprété, et il y a l’humour que l’on peut faire en public, surtout quand on est une marque.

Et si c’était de l’humour, comment considérer le hashtag #CopeGate autrement qu’étant un jugement porté sur cette affaire ? Non décidément, vous êtes sorti des clous, mon ami, et que vous n’en ayez pas conscience est encore plus inquiétant.

Mais la faute à qui, au juste ?

A vrai dire, On ne sait pas comment ça s’est passé chez l’annonceur ou dans les équipes de son agence conseil, on ne sait pas si ce contenu est l’oeuvre d’un CM (trop) inspiré ou bien si il a été prévu, planifié et validé. Alors la suite sera au conditionnel, pour ma part.

En premier lieu, il s’agit du rôle et des responsabilités du Community Manager de savoir quoi publier et quelles sont les limites à ne pas franchir. Mais en disant ceci, il ne faudrait pas affranchir de leurs responsabilités les autres personnes dans la chaine de commandement : les employeurs du CM, qu’il s’agisse d’une agence conseil en marketing et communication, ou bien l’annonceur lui même. D’ailleurs, du point de vue de la Justice, s’il y a un faux pas c’est bien l’annonceur qui est condamnable.

A une époque pas très ancienne, j’avais travaillé avec plusieurs entreprises internationales au sujet de leurs chartes média sociaux et à la préparation et au delivery de formations “Social Media Policies” à leurs employés. A cette époque, la principale crainte des entreprises était au niveau de leurs employés “lambda” et de leurs actions potentielles sur les médias sociaux. Ces entreprises considéraient alors que leurs équipes de social media management avaient été formées et sensibilisées à ces questions et qu’elles n’avaient pas vraiment à s’en soucier. La situation semble avoir pas mal changé depuis. Sans doute que les CM ont gagné en pouvoir et en autonomie depuis ces dernières années.

Quelle était l’intention ? Pourquoi vouloir à tout prix se raccrocher à l’actu ?

Le fléau du Realtime Marketing et la dictature du buzz.

Oréo et son agence ont fait beaucoup de mal à la profession avec ce tweet pendant la panne électrique du Superbowl. Ou bien peut être devrais-je dire que la profession se fait beaucoup de mal en voulant à tout prix tenter reproduire le coup gagnant de Oréo. On n’en a pas encore fini avec la dictature du buzz et le miroir aux alouettes du “viral marketing”. Ça ne marche pas à tous les coups de vouloir coller à l’actu, et souvent ça peut être casse-gueule.

Il y a pourtant des précédents

Ce n’est pas la première fois qu’une marque tente de surfer sur l’actualité politique – sous un angle plus ou moins “people” – pour tenter de faire rire le bon peuple et de s’attirer ainsi sa sympathie.

Sixt, le loueur de voitures Allemand, est célèbre pour ses pubs qui jouent à fond la carte de la provoc. On avait entendu parler de ces campagnes en 2007 qui tournaient en dérision le sujet du moment à savoir la relation entre Carla Bruni et Nicolas Sarkozy. Même si le contexte était plus “positif” que celui présent autour de J.F. Copé, le contenu n’en était pas moins borderline avec une attaque de la personne sur son physique.

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On passe les autres campagnes d’un goût douteux et donnant à fond sur le sexisme (“Oui nous louons aussi aux femmes“) et plus proche de nous voilà que le loueur nous refait le coup avec François Hollande et ses escapades nocturnes à scooter. Toujours très fin et de bon goût.

Sixt Hollande scooter

Et pour en revenir à 2007 et au couple Sarkozy-Bruni, il y avait eu aussi cette campagne par la compagnie low-cost Ryan Air qui moquait le couple Présidentiel. Mal leur en a pris car ils ont été condamnés en justice pour atteinte au droit à l’image.

Ah oui la justice. Ah non on ne peut pas tout faire ou tout dire sous prétexte d’humour. Parlez-en avec votre CM, à l’occasion…

NB: Je ne reproduis pas ici le visuel de la campagne Ryan Air car il a fait l’objet d’une condamnation en justice mais si la curiosité vous taraude, vous le retrouverez facilement via Google Images Search. En outre, il est assez pauvre…

Comment éviter ça ?

Planifier, valider, approuver les contenus a priori

Une des façons d’éviter que des contenus inappropriés ne se retrouvent publiés sur la page Facebook ou le compte Twitter de votre marque, c’est d’imposer que ces contenus ne soient validés et approuvés a priori. Une façon simple de réaliser ceci c’est de passer par des outils de Social Media Management qui peuvent mettre en oeuvre des workflows de publication (*) nécessitant si besoin plusieurs niveaux de validation (le branding, le légal, le product marketing, les RP, etc.).

En outre, en préparant des contenus à l’avance en établissant un calendrier de publication, on en tire d’autres bénéfices indirects, comme celui par exemple de s’assurer d’avoir une fréquence correcte de publication canal par canal, en fonction de la taille et de la maturité de vos audiences, et aussi de s’assurer que les contenus publiés auront le bon équilibre entre les contenus de marque, les contenus plus “entertaining”.

Alors bien sûr, quand on parle de planification de tweets à l’avance, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse, je fais ici référence à cette histoire qui a été déformée et amplifiée par Business Insider selon laquelle l’agence Huge aurait mis 45 jours pour accoucher d’un tweet pour les fromages Président aux USA, sur un compte twitter comptant à l’époque moins de 150 followers. Bien sûr cet article était exagéré et les gens de Huge ont apporté un démenti amusé :

Eduquer, responsabiliser mais poser les limites

Maintenant, nous sommes d’accord que tout ne peut pas passer au travers de la validation a priori. C’est lié à la fois au fait que depuis le coup du tweet de Oréo pendant le Superbowl, la mode est encore au “realtime marketing”, et aussi au fait que certains commentaires ou mentions de la marque appellent à des réponses immédiates qui ne sauraient être retardées par les différentes étapes d’un workflow de validation vertical. Et puis au final, on veut tout de même garder un minimum de spontanéité et d’authenticité, ce qui fait que tous les contenus ne peuvent pas être prévus à l’avance.

C’est là qu’il est important que les marques et leurs agences aient une discussion et posent ensemble les limites de ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Car on ne peut pas tout justifier sous prétexte de vouloir faire le “buzz” à tout prix, même si je vous l’accorde ça peut-être payant en matière d’engagement : le tweet de LastMinute.fr ayant récolté énormément plus de mentions et de retweets que celui de Huge pour les camemberts.

Une entreprise a pour objectif de vendre des produits ou des services. Je ne peux pas trouver un exemple ou un cas qui justifierait qu’une entreprise mêle sa communication avec des messages politiques. Et dans le cas présent, le climat général est suffisamment sombre et l’affaire délicate pour qu’une marque ne puisse pas éprouver le besoin d’y être associée.

Mais le bon sens semble être une des choses les moins équitablement réparties sur terre…

 

(*) Disclaimer : Je suis Digital Marketing Solutions Consultant chez Adobe, et notre plateforme Adobe Social permet en effet de mettre en oeuvre des workflows de publication vers vos différents médias sociaux ainsi que des calendriers de publication. Fin de la page de pub.